Est-ce que les millions de barils destinés à partir en fumée qui seront extraits du gisement au large de la Guyane valent la peine de mettre en péril la plus grande barrière de mangrove du monde ?
Les exploitants
D’un côté, nous avons les sociétés Tullow Oil, Shell, Total et Northpet qui rêvent d’exploiter le puits Zaedyus où du pétrole a été découvert. Leur métier, c’est d’extraire tout le pétrole de la planète, de le raffiner et de le vendre dans le monde entier pour faire des bénéfices records. Le problème, vous le savez, le pétrole est une énergie fossile. Ainsi quand un gisement est épuisé, il faut en trouver un autre. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pétrole sur Terre. Alors forcément, quand un nouveau gisement est découvert, ils ne vont pas dire qu’il est sans intérêt.
Du pétrole à fort risque
Le pétrole se trouve à 6.000 mètres de profondeur (2.000 mètres d’eau et 4.000 mètres dans le sous-sol océanique. Total reconnaît que « Ce forage est considéré comme à fort risque » et tempère immédiatement en ajoutant « mais à fort enjeu ». Pour l’instant, les pétroliers ignorent les quantités exactes. Ils savent juste que la nappe de pétrole fait 72 m de haut, mais ils ignorent son étendue. Si jamais la nappe est assez large, ils installeront les équipements nécessaires (plateformes etc…) pour extraire le précieux liquide.
Une nature à fort risque également
En Guyane française, le revenu par habitant est le plus faible de France. La découverte de pétrole dans le département pourrait bien aider les populations et les collectivités. Seulement, la Guyane abrite une nature fragile. Au large des côtes se trouve une partie de la plus grande barrière de mangrove du monde. En cas de problème, comme en 2010 pour le forage Deepwater Horizan au large du Nouveau Mexique, la dépollution serait impossible. De plus, pour colmater la fuite, cela serait beaucoup plus compliqué. Pour comparer, le forage Deepwater Horizon allait seulement à 2400 mètres de profondeur (3000 après modification). Ici, il faudrait forer à 6.000 mètres ! A cette profondeur, le moindre problème serait catastrophique.
Question
Alors que faut-il faire ? Extraire ce précieux pétrole qui peut aider économiquement un département de 200.000 habitants et enrichir Total, la seule entreprise française qui participe à hauteur de 25% dans ce forage ? Faut-il prendre le risque de menacer la mangrove et toutes les espèces endémiques qui y habitent ? L’histoire récente (2010), nous a montré que les sociétés pétrolières étaient incapables de colmater une marée noire en eau profonde. Pour Deepwater Horizon, le forage ne faisait que 3.000 mètres, et il y a eu 800 millions de litres de pétrole qui se sont répandus dans l’Océan. La nappe de pétrole a menacé près de 400 espèces animales. En Guyane, le forage sera à 6.000 mètres et on découvre encore sur ce territoire de nouvelles espèces chaque année.
En savoir plus
Un article sur le Monde
L’annonce de la découverte de pétrole au large de la Guyane française par Total
Un article sur l’impact de Deepwater Horizon sur l’environnement plusieurs mois après le colmatage de la fuite sur Futura-Sciences
Carte : Total
Photo : DR
Jean Loul
N’existe t il pas des moyens de forer ‘proprement’? J’imagine que cela est complique puisqu’ on doit creuser des trous, mais comment cela se passe? Mes connaissances sont proches du zero absolu dans ce domaine, mais est ce que cela entrainera automatiquement une degradation du milieu aquatique?