En 2012, les entomologistes n’ont plus besoin de parcourir le monde pour trouver de nouvelles espèces. Il leur suffit de surfer sur Internet pour découvrir une nouvelle espèce d’insecte. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est exactement ce qui est arrivé à Shaun Winterton. C’est par hasard qu’il est tombé sur une espèce qu’il n’avait jamais vu.
La découverte
Nous sommes en mai 2011. En Malaisie. Le photographe Hock Ping Guek est passionné de nature. Il photographie en macro plein d’insectes. Un jour, il prend en photo des chrysopes (un petit insecte volant) et met ses clichés en ligne sur Flickr (un site de partage de photos). De l’autre côté du Pacifique, Shaun Winterton, un entomologiste travaillant en Californie surfe sur Internet à la recherche de belles photos d’insectes. C’est alors qu’il remarque les photos de Hock Ping Guek. Une espèce en particulier attire son regard. On peut voir sur la photo une chrysope verte avec d’inhabituelles traits noirs et des points bleus. Il partage donc cette photo avec des collègues pour savoir si certains d’eux avaient déjà vue cet insecte.
La chasse au chrysope vert à traits noirs et à points bleus
Pour confirmer la découverte, Shaun Winterton a esoin d’avoir un specimen intact sous les yeux. Il contacte donc le photographe pour savoir s’il pouvait en avoir un autre. Hélas, le photographe n’en avait pas et en plus il venait de quitter la Malaisie. Déçu, l’entomologiste oublie toute cette affaire quand un an plus tard, il reçoit un mail de Gueck. Non seulement le photographe est retourné en Malaisie, mais en plus il pu reprendre un photo cet insecte étrange. Cerise sur le gâteau, il a même réussi à en capturer un vivant et il demande ce qu’il doit en faire.
La confirmation
Shaun Winterton lui dit qu’il doit envoyer ce spécimen au Musée d’histoire naturelle de Londres. Les spécialistes analysent l’insecte et confirment qu’il s’agit bien d’une nouvelle espèce. Comme il fallait lui donner un nom, l’insecte a été baptisé Semachrysa jade, d’après le prénom de la fille de Winterton. Le photographe, lui, n’a rien en retour. Pas de gloire, ni de postérité. Pourtant sans lui, sans sa passion pour la photo et la nature, cette espèce serait encore inconnue. S’il n’était pas retourné en Malaisie, s’il n’avait pas capturé l’insecte, s’il ne l’avait pas envoyé, cet article n’aurait jamais existé.
Conclusion
Si Shaun Winterton lit un jour cet article, j’aimerai qu’il découvre une nouvelle espèce et qu’il la baptise Guek pour remercier le photographe. Ce serait un bon signe envers ceux qui travaillent dans l’ombre et bénévolement pour la science. Combien reste-t-il d’espèces à découvrir sur le Web ?
En savoir plus
Le magazine scientifique Zookeys a publié un bon article sur cette découverte.
La galerie photo du Semachrysa jade sur Flickr
Le compte Flickr de Hock Ping Guek
Photos : Hock Ping Guek