Le projet Hermès est un des projets spatiaux les plus ambitieux que la France ait imaginé. Cet avion spatial devait être lancé depuis une fusée Ariane 5. Il était prévu que les 3 spationautes à bord pouvaient rester de 30 à 90 jours jusqu’à 800 km d’altitude. Mais hélas, l’histoire en a décidé autrement.
Naissance du projet français : 1977
La première configuration de l’avion spatial Hermès est étudiée en 1977 au Centre spatial d’Evry du CNES, alors même que la NASA vient de procéder aux essais en vol atmosphériques de sa navette. Puis, au début des années 1980, l’agence spatiale française, le CNES, réfléchit a un petit avion spatial conçu pour être lancé sur une fusée Ariane. Déjà, à l’époque, ils avaient une vision bien précise de ce projet : l’avion spatial Hermès pourrait desservir une petite station spatiale européenne, construite par les Allemands et les Italiens, baptisée Man-Tended Free Flyer (MTFF). Ce programme de l’Agence spatiale européenne (ESA) s’appelait Columbus.
Hermès prend forme : 1984
En 1984, le projet d’avion spatial Hermès s’est transformée en mini navette spatiale capable de transporter un équipage de 4 à 6 spationautes ainsi que 4500 kg de fret. Comme elle était trop lourde pour être lancée par une fusée Ariane 4 existante, le CNES a commencé à réfléchir à une version améliorée d’Ariane pour les années 1990. Le développement d’Hermès a grandement contribué aux spécification du nouveau lanceur Ariane 5 de l’ESA.
Un projet qui devient européen : 1987
Avec des coûts de développement croissants, la France accepte de continuer le projet conjointement avec l’ESA. le projet est alors approuvé par l’ESA en 1987, avec une phase de pré-développement allant de 1988 à 1990, avec un développement complet qui dépendrait des conclusions de cette phase. Sur le papier, Ariane 5 devait lancer Hermes qui devait desservir la station européenne Columbus. Pour rappel, la station Columbus devait être composée de trois modules :
- Columbus Free Flying Laboratory, laboratoire ayant la capacité d’effectuer des missions en mode automatique télécommandé depuis la Terre et visitable par l’homme.
- Columbus Polar Platform pour l’observation de la terre.
- Columbus Attached Laboratory, partie européenne de la station orbitale américaine Freedom.
Et pour finir, l’avion spatial Hermès devait être compatible avec les stations Freedom (USA) et Mir (URSS).
Hermès, la navette spatiale européenne
La navette spatiale Hermès était composée de 2 parties : un module de ressources en forme de cône attaché à l’arrière du véhicule, et qui servait d’adaptateur au lanceur Ariane 5 et serait largué avant la rentrée dans l’atmosphère. Seul les 19 mètres de l’avion peuvent rentrer et atterrir. Juste avant l’annulation du projet, Hermès pouvait transporter 3 astronautes et 3000 kg dans une soute pressurisée. Le poids au final aurait été de 21000 kg ce qui était le poids maximum qu’une nouvelle fusée Ariane 5 aurait pu transporter.
La déception
Après l’explosion de la navette spatiale Challenger, de nombreuses mesures de sécurité ont été ajoutées ce qui a eu pour effet d’alourdir la navette et d’augmenter les coûts. Au début, le design prévoyait que l’équipage puisse se séparer du véhicule principale en cas d’urgence, mais plus tard, cette idée d’une capsule de secours a été abandonnée et remplacée par 3 sièges éjectables pour économiser du poids. A l’origine, le premier lancement d’un avion spatial Hermès était envisagé sur une Ariane 5 en 1998. Mais dès 1991, le premier vol inhabité avait été reporté à 2002, et devait être suivi par une mission test habitée en 2003. Cependant, en 1992, après de trop nombreux retards, le projet était annulé. Surtout que les attentes au niveau performance et coûts n’ont jamais été atteintes. Ce grand projet français puis européen n’a donc jamais vu le jour. Aucune navette Hermès n’a été construite. Pour tous ceux qui ont travaillé sur ce projet, cette décision, même si elle était comprise, a été vécue comme une déchirure.
Conclusion
Même s’il est regrettable que l’avion spatial Hermès n’ait pas vu le jour, ce projet a tout de même laissé des innovations intéressantes. Ainsi, comme Ariane 5 était prévu pour lancer des vols habités, la sécurité du lanceur a été grandement renforcée. Ainsi, il n’est pas étonnant que cette fusée soit d’une grande fiabilité.
Sources
Illustration d’ouverture : ESA D. Ducros
Navarro
Je suis passionnée par l aérospatiale. Alord merci pour s’est petite informations.